Clouer l’Ouest de Séverine Chevalier


Éditions La Manufacture de livres, juin 2015

Après des années d’errance, Karl joueur compulsif et désargenté retourne au sein de sa famille qu’il n’a plus revue depuis plus de vingt ans. Son père est un vieillard égoïste qui a rejeté ses deux fils comme lui-même le fut par son propre père. Pierre, dit l’Indien, frère mal aimé par tous, vit désormais à l’écart. Aucun n’attache une réelle importance à ce retour. Aux abois, stigmatisé par son échec, Karl est un poids pour ses vies construites sans lui. Au cœur d’une forêt limousine rode un sanglier solitaire que les chasseurs ne parviennent pas à abattre.
Le Plateau de Millevaches en hiver se prêtait idéalement à l’écriture de ce roman particulièrement froid sous la plume de Séverine Chevalier. Un lieu vaste et silencieux, où les arbres sont noirs ; noirs comme la bête qui se cache dans les bois. Où la neige voile tout, à l’instar de l’obstination de chacun des personnages à taire d’anciens secrets, à contenir des douleurs qui n’ont jamais cicatrisé. Roman dense et tendu, où chaque souffle, chaque craquement de branche sous le poids de la neige a son importance, où un geste et un regard sont aussi capitaux qu’une déclaration de guerre, Clouer l’Ouest joue avec les mots, rend en quelques images une scène vivante et nous colle au plus près de ses personnages.